samedi 19 janvier 2008

En pays acadien

Des Schumpf aux Jomphe
Une longue route qui mène de l’Allemagne au pays des acadiens


C’est en 1778 que Christian Schumpf, soldat dans l’armée allemande, arrive en Amérique. Il vient aider l’armée britannique à contrer la rébellion des treize colonies anglaises. Né en 1753 à Enkirk, en Allemagne, il était le fils de Jakob Werner Schumf et de Anna Catharina Hustein.


La guerre terminée, il s'installe, en qualité de tailleur, d'abord à Pointe de Lévis, aujourd’hui Lauzon, puis à Québec. C’est à Pointe de Lévis qu’il rencontra Marie Monique Samson, qu’il épousera, en janvier de l’an 1791, devant le ministre anglican David Francis DeMontmollin. Il avait alors quarante et un an et elle vingt et un. Sa langue maternelle était l’allemand, il avait une connaissance rudimentaire du français et de l’anglais alors qu’elle parlait le français. Mais pire encore, il était protestant et elle catholique. On peut facilement imaginer le cran qu’il fallut à Marie Monique pour épouser son soldat allemand.


C’est que le clergé se rendait bien compte que leurs bons canadiens français catholiques vivaient désormais à côté d'une population protestante; il craignait que cette promiscuité puisse contaminer leur foi. Qui plus est, comme ces étrangers logeaient souvent chez les habitants, il redoutait les mariages mixtes: « les canadiennes françaises s'amourachent facilement des habits rouges et plusieurs, dépassant la simple amourette, recherchent le mariage, même devant le ministre protestant.» Cette situation pose un problème aux autorités religieuses. Elles soumettent alors la question aux théologiens de la Sorbonne, à Paris, qui répondent que les mariages des canadiennes catholiques avec des anglais protestants sont illicites mais valides. Mais les évêques continuent d’interdire sévèrement de telles unions, probablement sous la menace des feux éternels de l’enfer.


De ce mariage, naîtra dix enfants dont huit survivront. Quinze ans plus tard, quand Marie Monique Samson Schumpf décéda, à l’âge de 36 ans, elle laissait une famille dont l'aînée, Mérance, avait 13 ans et le bébé Claude Etienne tout juste un an et demi. D'autre part, le père, Christian, avait 56 ans, un âge avancé dans ce temps-là; pour subvenir aux besoins de sa famille, il devait travailler du matin au soir à son métier de tailleur. Christian Schumpf se voit donc dans l’obligation de placer, comme c’était coutume à l’époque, quelques uns de ses enfants.


Dans ces années, les adoptions prenaient souvent la forme d’engagement devant notaire. Selon ces contrats, le père adoptif promettait d’élever l’enfant dans la religion catholique, de l’instruire comme son propre fils, de lui apprendre à gagner sa vie, de le nourrir, de le loger, de l’habiller, de le reprendre et le corriger, si nécessaire ainsi que de l’établir aussi avantageusement que ses propres enfants, s’il en était satisfait. L’enfant, par ailleurs, devait travailler pour le profit et l’avantage de son maître jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de vingt-et-un an.


En 1807, Christian Schumpf passe donc des contrats devant le notaire Pierre Laforce
de Québec pour envoyer trois de ses enfants aux Iles de la Madeleine. Le premier concerne Claude Étienne Schumpf, deux ans et demi, et Jacques Cyr. Le second met en cause Laurent Schumpf, trois ans et dix mois, et Simon Bourgeois. Et le dernier lie Jean Schumpf, dix ans et trois mois, et François Vigneault.


Mais comment ces enfants sont-ils arrivés aux Îles? L’aéroplane n’était pas encore là et c’est beaucoup plus tard qu’apparaîtront le traversier « Madeleine» et le bateau de croisière « Le Vacancier».
Cependant, les voyages en goélettes, entre les Îles et Québec, étaient réguliers à la fin de la saison de pêche. Les insulaires venaient à Québec pour vendre leur poisson et acheter leurs provisions pour l’hiver. Il est donc très plausible qu'au cours d'un de ces voyages, Simon Bourgeois, jeune marié sans enfants, ramène ces trois enfants Schumpf aux Îles.
C’est ainsi que les Schumpf grandirent en pays acadien, au Havre-aux-Maisons et au Havre Aubert. Avec le temps et probablement les difficultés de lecture et d’écriture d’alors, le nom de Schumpf se transforma en Jumpf et finalement en Jomphe.

Claude Étienne et Laurent eurent une importante descendance en pays acadien. Frédéric, fils de Laurent, comme d’autres madelinots l’avaient fait avant quitte sa terre d’adoption pour aller s’établir à la Pointe-aux-Esquimaux, devenue en 1924, Havre-St-Pierre. Ces deux frères sont à l’origine de tous ceux qui portent le patronyme Jomphe. Quant à Jean, il se dirigea vers Chéticamp, en Nouvelle-Écosse, un autre lieu où les madelinots allaient gagner leur vie. Le nom de famille devient alors Shomphe. Et lorsqu’un de ses fils s’installa à Terre-Neuve, le nom reprit sa forme originale de Schumpft.

Et c’est ainsi que les Schumpf, devenu Jomphe, prirent racines en pays acadien.


Note de la blogeuse:

À Colette des Échos d'Arcadie...pour mieux connaître tes origines

Source: Données tirées de la généalogie des Jomphe.

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