Note: Un tanka est un poème à 31 syllables: un tercet à 5-7-5 syllabes et un distique à 7-7 syllabes-
Note: Un tanka est un poème à 31 syllables: un tercet à 5-7-5 syllabes et un distique à 7-7 syllabes-
La guerre terminée, il s'installe, en qualité de tailleur, d'abord à Pointe de Lévis, aujourd’hui Lauzon, puis à Québec. C’est à Pointe de Lévis qu’il rencontra Marie Monique Samson, qu’il épousera, en janvier de l’an 1791, devant le ministre anglican David Francis DeMontmollin. Il avait alors quarante et un an et elle vingt et un. Sa langue maternelle était l’allemand, il avait une connaissance rudimentaire du français et de l’anglais alors qu’elle parlait le français. Mais pire encore, il était protestant et elle catholique. On peut facilement imaginer le cran qu’il fallut à Marie Monique pour épouser son soldat allemand.
C’est que le clergé se rendait bien compte que leurs bons canadiens français catholiques vivaient désormais à côté d'une population protestante; il craignait que cette promiscuité puisse contaminer leur foi. Qui plus est, comme ces étrangers logeaient souvent chez les habitants, il redoutait les mariages mixtes: « les canadiennes françaises s'amourachent facilement des habits rouges et plusieurs, dépassant la simple amourette, recherchent le mariage, même devant le ministre protestant.» Cette situation pose un problème aux autorités religieuses. Elles soumettent alors la question aux théologiens de la Sorbonne, à Paris, qui répondent que les mariages des canadiennes catholiques avec des anglais protestants sont illicites mais valides. Mais les évêques continuent d’interdire sévèrement de telles unions, probablement sous la menace des feux éternels de l’enfer.
De ce mariage, naîtra dix enfants dont huit survivront. Quinze ans plus tard, quand Marie Monique Samson Schumpf décéda, à l’âge de 36 ans, elle laissait une famille dont l'aînée, Mérance, avait 13 ans et le bébé Claude Etienne tout juste un an et demi. D'autre part, le père, Christian, avait 56 ans, un âge avancé dans ce temps-là; pour subvenir aux besoins de sa famille, il devait travailler du matin au soir à son métier de tailleur. Christian Schumpf se voit donc dans l’obligation de placer, comme c’était coutume à l’époque, quelques uns de ses enfants.
Dans ces années, les adoptions prenaient souvent la forme d’engagement devant notaire. Selon ces contrats, le père adoptif promettait d’élever l’enfant dans la religion catholique, de l’instruire comme son propre fils, de lui apprendre à gagner sa vie, de le nourrir, de le loger, de l’habiller, de le reprendre et le corriger, si nécessaire ainsi que de l’établir aussi avantageusement que ses propres enfants, s’il en était satisfait. L’enfant, par ailleurs, devait travailler pour le profit et l’avantage de son maître jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de vingt-et-un an.
En 1807, Christian Schumpf passe donc des contrats devant le notaire Pierre Laforce
de Québec pour envoyer trois de ses enfants aux Iles de la Madeleine. Le premier concerne Claude Étienne Schumpf, deux ans et demi, et Jacques Cyr. Le second met en cause Laurent Schumpf, trois ans et dix mois, et Simon Bourgeois. Et le dernier lie Jean Schumpf, dix ans et trois mois, et François Vigneault.
Mais comment ces enfants sont-ils arrivés aux Îles? L’aéroplane n’était pas encore là et c’est beaucoup plus tard qu’apparaîtront le traversier « Madeleine» et le bateau de croisière « Le Vacancier».
Cependant, les voyages en goélettes, entre les Îles et Québec, étaient réguliers à la fin de la saison de pêche. Les insulaires venaient à Québec pour vendre leur poisson et acheter leurs provisions pour l’hiver. Il est donc très plausible qu'au cours d'un de ces voyages, Simon Bourgeois, jeune marié sans enfants, ramène ces trois enfants Schumpf aux Îles.
C’est ainsi que les Schumpf grandirent en pays acadien, au Havre-aux-Maisons et au Havre Aubert. Avec le temps et probablement les difficultés de lecture et d’écriture d’alors, le nom de Schumpf se transforma en Jumpf et finalement en Jomphe.
Claude Étienne et Laurent eurent une importante descendance en pays acadien. Frédéric, fils de Laurent, comme d’autres madelinots l’avaient fait avant quitte sa terre d’adoption pour aller s’établir à la Pointe-aux-Esquimaux, devenue en 1924, Havre-St-Pierre. Ces deux frères sont à l’origine de tous ceux qui portent le patronyme Jomphe. Quant à Jean, il se dirigea vers Chéticamp, en Nouvelle-Écosse, un autre lieu où les madelinots allaient gagner leur vie. Le nom de famille devient alors Shomphe. Et lorsqu’un de ses fils s’installa à Terre-Neuve, le nom reprit sa forme originale de Schumpft.
Et c’est ainsi que les Schumpf, devenu Jomphe, prirent racines en pays acadien.
Note de la blogeuse:
À Colette des Échos d'Arcadie...pour mieux connaître tes origines
Source: Données tirées de la généalogie des Jomphe.
Pour se rappeler une facette de la vie de Charles à Auguste, heureusement qu’il reste pour la petite fille qui voulait voir un bébé loup marin, une vieille complainte à écouter :
C’est vers la fin de mars ou à peu près ce temps
De l’an 1911 dans le cours du printemps
Que nous venons d’apprendre le récit malheureux
D’un père, son fils, son gendre et trois autres avec eux
Le matin on s’empresse, on se lève de bonne heure
On marche à grande vitesse, au devant du malheur
On s’en va sur les glaces marchant, marchant toujours
Marchant sans qu’on se lasse, jusqu’au milieu du jour
Ce n’est que vers trois heures qu’on trouve les loups marins
On se charge à mesure pour rebrousser chemin
Mais le vent du contraire qui souffle avec fureur
Entraîne loin de la terre nos malheureux chasseurs
Ainsi la nuit se passe et on attend encore
Le lendemain se passe et l’on attend toujours
Mais la mer gourmande les tient tous dans son sein
C’est pour nous faire comprendre, que sur la terre on est rien
Quelle nouvelle navrante il fallait apporter
Quelle nouvelle déchirante pour toute la parenté
Les femmes s’évanouissent et ploient sous la douleur
L’esprit, le coeur se brisent, à quoi sert le bonheur
Avant que je finisse, il faut vous raconter
Le nom de tous les six, que la mer vient d’appeler
Il y a Daniel Lebel, son fils, son gendre, son neveu
Philias à Arsène ainsi que son fillieu
La complainte des Lebel -Nelson P. Arsenault
Popularisée par Georges Langford